Après le cirque, le numérique, le sport, le vent ou l’apesanteur, c’est tout simplement face au temps qui défile, et qui nous défie, que le chorégraphe s’interroge.
« Dans cette nouvelle création, j’explore le corps face au temps. Je porte une réflexion nouvelle et engagée sur le mouvement et la performance physique.
À mon âge et après 30 ans de carrière, les danseurs de ma génération n’ont plus le même rapport au corps. Et pourtant, nous continuons dans nos spectacles et dans nos performances, à célébrer le beau. C’est une autre énergie et ce sont d’autres élans, nous ne cherchons plus la prouesse physique spectaculaire mais une autre esthétique toujours gracieuse et énergique. J’ai choisi de construire une chorégraphie autour de cette réalité. Celle du corps vieillissant. Notre société admet le corps et le valorise, mais dans les critères spécifiques que cette dernière s’est imposée à elle-même.
Beauséjour est l’utopie à la fois d’un passé qui renaît par réminiscence et d’un présent vécu par des corps proéminents, boursoufflés et courbés. Un véritable défi chorégraphique pour des danseurs hip-hop qui doivent s’approprier de nouvelles gestuelles, incarnant des personnages singuliers, loin de leurs performances habituelles. De ces personnages attachants et assumés dans leur originalité se dégage une vision renouvelée du beau, dans laquelle la danse se veut universelle et transgénérationnelle.
La vieillesse peut être le séjour bienheureux où réside la beauté ! Beauté qui défie le temps, qui résiste et qui existe autrement.
La danse, plus que jamais, est l’écrin de la vie et du partage. »
Mourad Merzouki
« De la rencontre avec Mourad Merzouki autour de ce qu’allait devenir le spectacle Beauséjour a jailli une envie : celle de reprendre là où on en était avec le projet Antropoceno !, en l’enrichissant et en l’amenant encore plus loin, vers d’autres territoires musicaux de l’Amérique Latine, des marimbas et rythmes ternaires de la côte pacifique colombienne jusqu’aux flûtes et charangos des plus hautes cimes des Andes !
À l’instar de ce que l’on avait fait avec Gotan Project, en mariant le tango argentin avec la musique électronique. L’un des avantages de celle-ci est que "l’orchestre" tient dans un ordinateur portable ! Nous avons pu ainsi entrer dans l’espace-temps chorégraphique et adapter, en temps réel, la musique aux besoins de la danse, permettant une parfaite synchronisation entre les deux. Cette manière de travailler peut faire penser au début de l’histoire du cinéma, quand les orchestres étaient présents lors du tournage et que tout se faisait en même temps. Cet élargissement des horizons musicaux et cette recherche de nouvelles limites complètent bien la démarche créative du chorégraphe. »
Müller & Makaroff