Danser Casa évoque bien sûr Casablanca, où se sont retrouvés nos deux pointures du hip hop nationales que sont Kader Attou et Mourad Merzouki. Voilà bien vingt ans qu’ils n’avaient pas chorégraphié ensemble, même s’ils avaient déjà collaboré pour un projet semblable avec Mekech Mouchkin (Y’a pas de problème en langue arabe). Entre-temps, chacun a développé sa veine créatrice singulière, et tous deux ont été nommés à la tête de Centres chorégraphiques nationaux. Ils se rejoignent autour de ce projet qui a pour ambition de créer une troupe de danseurs marocains.
Issus de parcours hétéroclites et de villes différentes avec, pour point commun, un penchant affirmé pour les battles, ces huit danseurs (une femme, sept hommes), sont fiers d’avoir été choisis parmi 186 hip-hopeurs présents à l’audition. Bourrés d’énergie, chacun d’entre-eux a sa « spécialité » souvent apprise en autodidacte : acrobatie, cirque, popping, locking, parkour, new style house et même danse contemporaine. Le spectacle, imprégné par la ville de Casablanca, est une sorte de voyage à travers les époques et les techniques de cette danse très codée. Mais surtout, Kader et Mourad revisitent, à travers ces danseurs, le chemin qu’ils ont parcouru.
« En ce qui me concerne, explique Mourad, ce projet me touche dans ma chair, car beaucoup de choses sont liées à mon histoire, à ce que ces danseurs sont et représentent ». Quant à Kader, cette création lui fait réaliser « pourquoi nous sommes arrivés dans la danse, et comment elle a représenté pour nous une ouverture et une émancipation ».
Avec ses huit interprètes aussi virtuoses qu’émouvants, une poétique du geste et des corps se déploie, et la danse dépasse le propos pour nous raconter la condition humaine de part et d’autre de la Méditerranée.
Agnès Izrine