En juillet 2022, sur l’invitation de Saté Khachatryan, Mourad Merzouki effectue un premier voyage en Arménie pour découvrir ce pays et animer des ateliers de transmission. Ensemble, ils rêvent un projet pour mettre en lumière le centenaire de la naissance du grand cinéaste Sergueï Paradjanov. Ils imaginent un spectacle qui rend hommage à son film cultre, Sayat nova : La Couleur de la grenade.
« Sur l’invitation de Saté Khachatryan, je me suis rendu en Arménie pour découvrir ce pays que je connaissais très peu. Lors de ce voyage, j’ai découvert l’univers de Sergueï Paradjanov à travers son film Sayat nova : La couleur de la grenade. Son œuvre est très originale - plutôt surprenante, innatendue et déstabilisante au départ - mais je me suis vite retrouvé dans son approche artistique.
En effet, Sergueï Paradjanov travaille beaucoup sur des saynètes qui se succèdent, indépendamment les unes des autres. Un aspect qui est aussi présent dans mon travail et qui m’a aidé à transposer sur scène le cinéma de cet artiste hors-pair. Je me suis également beaucoup inspiré des éléments visuels, comme les décors et les costumes, qui nous ont permis de dégager des images fortes autour du film pour construire la chorégraphie.
Ce projet est avant tout une rencontre avec une autre culture, avec l’envie constante de faire dialoguer les arts. Au plateau comme en coulisses, La couleur de la grenade associe des artistes français et arméniens, qu’ils soient danseurs contemporains, hip-hop ou traditionnels. Le duo Hogh Arthun a associé les musiques traditionnelles arméniennes aux sonorités électro pour transmettre toute la poésie de Sergueï Paradjanov tandis qu’Edgar Manoukian s’est inspiré du film pour créer plusieurs costumes, aux couleurs arméniennes, qui jalonnent le spectacle.
Cette création donne une place forte à l’image, permettant à tous les publics de découvrir l’univers de Sergueï Paradjanov et, plus largement, la culture arménienne. Grâce à la danse, ce projet relie les cultures et rappelle la nécessité d’aller à la découverte d’autres mondes. »
Mourad Merzouki
« Mon héritage culturel arménien est une source d’inspiration constante dans mon travail artistique. Cependant, je crois fermement que la véritable richesse de toute culture réside dans sa capacité à transcender les frontières et à se connecter avec d’autres cultures. C’est pourquoi je suis profondément intéressé par la manière dont les artistes d’origines diverses peuvent apporter leur propre perspective et leur sensibilité à la représentation de ma culture. Ce projet artistique est le fruit d’une réflexion profonde sur le dialogue des cultures et la puissance expressive de la danse comme langage universel.
Sergueï Paradjanov, à travers son cinéma, a transcendé les frontières culturelles et linguistiques pour offrir au monde des œuvres d’une beauté intemporelle. Son cinéma est si profondément imprégné de poésie visuelle et de symbolisme que nous avons ressenti le besoin de lui rendre hommage à travers un langage artistique tout aussi expressif : la danse.
Le choix de la danse pour représenter l’univers de Sergueï Paradjanov sur scène découle de notre conviction que son cinéma est intrinsèquement dansant. Mourad Merzouki, avec son talent incontestable pour sublimer les corps et les mouvements sur scène, était le choix évident pour donner vie à cette vision artistique. Son écriture chorégraphique unique et captivante nous offre une opportunité sans pareille de traduire la poésie visuelle de Sergueï Paradjanov en une expérience scénique immersive et émouvante.
Ce projet est également une rencontre entre deux grands artistes : Sergueï Paradjanov et Mourad Merzouki. Dans leur langage artistique respectif, chacun exprime sa vision unique du monde, créant ainsi une fusion magistrale de l’esthétique et de la sensibilité arméniennes avec la virtuosité et la créativité de la danse contemporaine. C’est dans cette symbiose que réside la véritable essence de La Couleur de la grenade : une célébration de la diversité culturelle, une ode à la créativité humaine et un hommage à l’héritage artistique de Paradjanov. »
Saté Khachatryan