Avec le célèbre orchestre Les Arts Florissants de William Christie, aujourd’hui mené par Paul Agnew, Mourad Merzouki signe sa première collaboration pour un opéra rassemblant musiciens, chanteurs et danseurs autour de cette joyeuse fable. Une expérience lyrique totale, résolument jeune et nouvelle, où l’art d’hier rencontre celui d’aujourd’hui pour le plus grand plaisir des sens !
"L’opéra The Fairy Queen de Purcell est la promesse d’un émerveillement. Public érudit ou curieux, chacun porte en sa mémoire Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, avec son univers baroque et fantastique. C’est un songe peuplé d’êtres féeriques et d’intrigues qui s’entrecroisent, de personnages sublimes ou grotesques. C’est quelque part l’alliance des contraires, le mélange des registres, une symphonie bigarrée. Dans cette mise en scène, l’entrelacement du chant, de la musique et de la danse apparaît comme la métaphore même du sujet traité : la rencontre inouïe et fascinante de formes artistiques qui, tout d’un coup, renouvellent notre regard pour nous surprendre.
Le grand défi de ce projet a été de travailler la matière chorégraphique enrichie d’un corps de chanteurs et de musiciens. Que chacun trouve sa place sans que l’un ne soit la simple illustration de l’autre. C’est un défi pour un chorégraphe car, contrairement aux danseurs, chanteurs et musiciens sont des artistes loin du mouvement. Comment les intégrer au spectacle ? Comment les mettre en mouvement pour que chaque artiste devienne la substance d’un ensemble plus vaste ?
J’ai souhaité rendre le plus poreux possible la distance entre chanteurs, musiciens et danseurs. Ainsi, ce travail collaboratif a interrogé le rapport au temps de chaque discipline. Lorsqu’un musicien ou un chanteur entre sur scène, son appropriation de l’œuvre ont déjà eu lieu et il vient pour en rendre compte. Un danseur procède de manière inverse : la scène est l’espace de la recherche et de l’expérimentation. Créer n’est donc pas assembler, c’est puiser dans une forme d’art la plus belle lumière pour que les autres en renvoient le réfléchissement sublimé.
Je suis particulièrement sensible à l’idée de développer des formes inédites de concert, à désacraliser l’a priori élitiste que l’on peut avoir vis-à-vis de la musique classique, en la confrontant à une danse dite populaire, qui sait elle aussi être exigeante. Ce rapprochement de deux mondes s’inscrit dans une volonté de faire découvrir la danse et la musique, pour aller toucher le plus grand nombre avec notre art.
Pleinement onirique, cette symphonie – imaginée avec le prestigieux orchestre des Arts Florissants – réécrit et actualise une pièce écrite au XVIIe siècle pour en révéler toute la modernité. Mettant en scène 35 artistes au plateau, The Fairy Queen peut être perçue comme l’allégorie d’une nouvelle inspiration, et il y a bien en cela quelque chose de merveilleux." Mourad Merzouki